La vie, c’est comme une boite de chocolat… IL Y A TOUJOURS UN PUTAIN DE MON CHERI DEDANS !!

    d1ca28b6-vodvignette16x9f4c6e65c7a9e79996e521c1eaf1173b4ac9c6b2d5b2ab8f3d511a2421cca8026    Comme il est amusant de tomber sur ce genre de film quand l’ivresse vient nous souffler des inspirations totalement farfelues. Personnellement ce fut le cas avec ce film, qui vint me cueillir au milieu d’une pinte. N’ayant rien à envier au burlesque britannique, il emprunte aussi au surréalisme de Wes Anderson Nous allons donc parler de ce film aussi étrange qu’inégal, Le vieux qui ne voulait pas fêter son anniversaire.

            Je vous dispenserais la lecture du titre du film dans sa version originale suédoise. Je le fais pour votre bien, au risque de vous rappeler les heures les plus sombres de l’aviation civile avec un certain volcan islandais. Le film, produit en 2013,  a eu une suite en 2016 que je n’ai pas eu le courage de regarder jusqu’au bout, le premier film se suffisant. L’intérêt d’une suite m’échappe encore et je suis en pleine méditation laissez-moi tranquille (pardon) !!!  Les deux opus sont réalisés par le même homme, Felix Herngren, qui a, si j’en crois sa fiche Wikipédia, seulement ces deux longs métrages à son actif en tant que réalisateur. Le film est apparemment une adaptation d’un roman éponyme, suédois lui aussi écrit par Jonas Jonasson et sorti en 2009.

             En résumé, nous suivons l’histoire d’un vieil homme, Alan Karlson. Vieillard tout ce qu’il y a de plus ordinaire, un peu simplet toute de même, mais qui a eu un destin extraordinaire. Au travers d’un grand nombre de flashbacks, nous voyons la vie d’Alan, de sa naissance jusqu’au jour de ses 100 ans. Au cours de cette longue vie lui, à qui rien n’était promis, va connaître un destin extraordinaire, rencontrant les personnalités les plus influentes du monde de son époque et influencer directement l’Histoire du vingtième siècle, bien malgré lui et l’ignorant totalement lui-même.  Le vieux qui ne voulait pas fêter son anniversaire, est, en gros, un Forrest Gump à l’humour noir et trash.

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Allan Karlson rencontrera de nombreuses personnes dont le frère inexistant d’Einstein…

Plusieurs similitudes sont franchement trop nettes pour ne pas faire penser au chef-d’œuvre de Steven Spielberg. Il ne s’agit pas d’un plagiat, car le propos est beaucoup plus désabusé qu’un Forrest Gump qui laissait une ombre d’espoir dans ce 20ème siècle. Ici, l’espoir est remplacé par un discours très cynique sur la destinée, comme quoi clairement n’importe qui peut devenir très influent.

  • L’un des principaux points de similitudes tient dans la narration de l’histoire. Il s’agit clairement de la même façon de raconter une histoire que dans Forrest Gump. Nous prenons le personnage dans son présent, et son histoire passée est racontée par des flashbacks avec la voix du héros comme voix off. Ce mode de narration donne un rythme soutenu à l’intrigue car elle jongle systématiquement entre un passé de plus en plus proche, et le présent. Cependant, là où le personnage présent de Forrest Gump reste assis pendant la plus claire partie du film sur un banc à raconter ses histoires, Alan Karlson part lui dans un road trip en forme de fuite en avant pour échapper à ses poursuivants, chose qu’il aura fait toute sa vie, finalement.
  • Nous traversons, comme dans Forrest Gump, l’histoire du 20ème siècle. Cependant, là où le film américain se concentrait sur l’histoire de l’Amérique essentiellement, le récit de ce film est plus large. Nous balayons une période plus vaste de l’Histoire de l’Europe et du monde puisque nous débutons le récit de Karlson avant le déclenchement de la première guerre mondiale. Nous le voyons traverser les époques, les pays, et influencer par sa simplicité de réflexion l’histoire du monde. Il participe au projet Manhattan, participe à la guerre d’Espagne où il sauve Franco, devient agent double, rencontre le frère d’Einstein (qui n’existe pas dans la réalité, il a eu en revanche une sœur) etc. Le même propos est donc présent dans ce film que dans Forrest Gump. Un être simple d’esprit, doté d’une réflexion très basique est capable de faire mieux que la plupart des puissants du monde. Toutefois, là où Forrest Gump était aussi doué d’une bonté d’âme hors du commun, Alan Karlson est d’un cynisme à toute épreuve.

       Au-delà de la ressemblance manifeste avec le film de Spielberg, Le vieux qui ne voulait pas fêter son anniversaire jouit d’une très bonne écriture. Les dialogues sont très souvent savoureux et décalés. Il y a un ton dans ces dialogues faisant un peu penser au cinéma anglais de la trilogie Cornetto.  Par ailleurs, le personnage de Benny ressemble beaucoup à Simon Pegg désormais mondialement connu pour ses rôles dans les récents Mission impossible et Star Trek. Ce personnage, quasi parfait et quasiment parfaitement raté me fait beaucoup penser aux rôles récurrents de Simon Pegg, dans un décalage qui rend le flegme du personnage hilarant au regard des situations qu’il connait.

        Le côté « humour anglais » est présent mais il y a aussi un côté de plus en plus surréaliste à mesure qu’avance le film. Ce surréalisme me fait penser à The Grand Budapest Hotel, de Wes Anderson. D’ailleurs, si la narration est ancrée dans une réalité historique, elle semble de plus en plus aberrante notamment par la présence d’éléments fantasques comme le frère d’Albert Einstein, Herbert. Il y a donc de plus en plus un côté irréel à ce road movie de bras cassés. Finalement, on se retrouve avec un centenaire alcoolique dans un pays qui ne vend pas d’alcool, un quasi diplômé, des néonazis impotents ou amnésiques, et un éléphant en route vers Bali dans un Antonov russe. Oui il y a quelque chose de surréaliste à cette histoire.

       Il n’y a pas cependant que des bons points dans ce film. L’image est assez pauvre, des tons assez sombres et pastels qui, contrairement au Grand Budapest Hotel, ne vient pas du tout renforcer ce côté surréaliste et pièce montée que l’on peut avoir tout le long du film de Wes Anderson. Les plans de caméras sont peu recherchés, les plans larges quasi inexistants et les décors franchement mauvais pour un film prétendant parcourir l’histoire du monde au 20ème siècle. Si le jeu d’acteur n’est pas mauvais, il n’est cependant pas de la première facture. Notamment le rôle principal qui certes, est un personnage normalement détaché de la réalité et assez indifférent ; mais quand même ! Forrest Gump avait le talent de nous attirer les larmes aux yeux par son absence presque totale de réaction mais par quelques tics trahissant ses sentiments profond. Enfin, n’est pas Tom Hanks qui veut. Enfin, si le montage est assez vif dans la première partie du film, il s’essouffle considérablement dans la seconde partie, notamment quand arrive la maison où il y a l’éléphant. On s’en moque un peu de cette intrigue, et cela vient nettement couper l’impression de fuite en avant de ce groupe de bras cassés. Dommage.

          Le vieux qui ne voulait pas fêter son anniversaire est donc un film à regarder, vraiment sympathique et rafraichissant. Les thématiques abordées sont vraiment drôles et vous apprécierez la qualité des textes qui sont vraiment parfois très drôles. Le côté surréaliste et un peu trash du héros sont les principales qualités du film. Cependant, ce n’est toutefois pas un chef d’œuvre complet comme pour l’œuvre de Spielberg. Le casting n’est pas au top, même si le jeu d’acteur est correct, et le montage ralenti sérieusement le rythme de la fin du film qui finit par une sorte de pirouette peut satisfaisante, comme un film ayant manqué de temps ou de budgets. Préparez-vous donc à passer un bon moment, et à l’oublier, comme votre dernière cuite.

 

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